Veillée funèbre

Pour nous donner le goût de suivre la camarde et ses pompes (jazzy) funèbres, un spectacle conçu et interprété dans la joie par Jean-Marc Héran et Gilbert Delor, deux croques-mort mis en scène par le talentueux Jean-Marc Molinès. Brassens doit bien rigoler.

« Ça ne vous tuera pas… A-t-on le droit de se moquer de la mort ? Est-il acceptable de se fendre la pipe pendant une veillée funèbre ? Peut-on plaisanter sur le défunt avec sa veuve ? Assurément ! C’est en tout cas la conviction des deux croque-morts qui ont mitonné ce spectacle aux petits oignons, à partir d’une sélection de chansons connues et moins connues de Brassens.

Si, comme mon grand père, vous êtes un inconditionnel de tonton Georges, et que vous pensez qu’après lui, il n’y a plus de chanteur à textes, vous allez adorer ces deux zazous. Mais si comme ma mère, vous trouvez que le moustachu manquait de charme, incapable qu’il était de susurrer des mots doux à la manière d’Iglesias, alors allez voir ces deux énergumènes : ils vous tireront les larmes des yeux.

Mon frère, élevé à la guitare hurlante de Jimi Hendrix, vous dira certainement que G. B. n’avait rien d’un guitar hero. Alors, écoutez ces deux furieux, et prenez une leçon de musique. Ma femme, elle, vous dira peut-être, que papoum, papoum, papoum, c’est pas très dansant. Allons donc : avec ces deux paltoquets, on se déhanche, on se contorsionne. Et si, comme ma fille, qui n’a jamais écouté autre chose que les singes savants de la Star Ac, vous ne savez même pas qui est Brassens, alors il y a urgence à revendre votre télé et à sortir à l’air libre.

Venez sans fleurs, ni couronnes, en toute simplicité, sans amidon, dans votre habit traditionnel, et avec le sourire.
Que vous aimiez ou pas Brassens, que vous aimiez ou pas les enterrements, vous avez de toute façon, une bonne raison de venir : ça ne vous tuera pas (du moins pas la première fois). » Philippe Artru